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Texas Rangers
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Message par Texas Rangers » 17 juil. 2017, 12:36

Hello everybody !

Nouveau site, nouveau forum, une heureuse résurrection qui se veut continuité dans le renouveau.
Telle pourrait être aussi la définition du deuxième 33 tours des Flash Cadillac & the Continental Kids.
Paru en 1974, intitulé « There’s no face like a chrome », il tourne actuellement sur ma platine.



Sélectionné pour l’île déserte ! ….

Eh oui, sur l’ancien forum, le fameux sondage recensant les 20 disques qui nous escorteraient dans un exil imaginaire avait représenté un casse-tête pour tous les participants. Néanmoins, ce jeu présentait le mérite de marquer une pause dans notre quête perpétuelle du Saint Graal, forcés que nous étions de ne garder que l’essentiel.

Si, pour moi, l’un des 17 autres de mes sélectionnés peut être éjecté, ce Flash Cadillac là fait partie des 3 heureux élus que j’ai fondus sur le socle d’airain de mes préférences..

Mais venons-en aux Flash Cadillac et à ses Kids du continent …

Rappel :

Originaire du Colorado, créé en 1969, le groupe se compose de 6 membres décidés à tailler des croupières à l’insolente suprématie des Sha Na Na dans le domaine du rock and roll revival.
Deux ans plus tard, après avoir rodé ses soupapes et mis un tigre dans son moteur, Flash Cadillac s’installe à Los Angeles, où, dès lors, le succès leur tend les bras.

En effet, tout s’accélère …

- George Lucas leur confie le rôle de « Herbie and the Heartbeats », les musiciens qui animent le bal de fin d’année dans "American Graffiti"…
- Kim Fowley, auteur-compositeur, interprète, producteur (the Runaways, etc …) et manager, pilote la destinée de leur premier 33 tours éponyme …
- Ils font paraître encore 2 albums, « There’s no face like a chrome » (1974) et "Sons of the beaches" (1975), chroniqué dans l’ancien forum …
- Effectuent de nombreuses tournées (notamment avec Black Sabbath et Alice Cooper),
- Apparaissent dans un épisode de la série télévisée « Happy Days » …
- Interprètent « Susie Q » dans le film "Apocalypse now" en 1979 …

… avant de mener jusqu’à nos jours, une carrière discrète sous la seule appellation "Flash Cadillac", s’adjoignant le concours d’un orchestre de cordes.

Et ce « There’s no face like a chrome », ça donne quoi ?

Ben figurez-vous, que Rock & Folk en avait publié une excellente critique.
Visiblement impressionné, le journaliste estimait que les Flash Cadillac avaient réinventé le Rock and Roll, qui retrouvait ses chromes rutilants mais sous des atours contemporains.

En fait, le groupe reprenait les choses là où Elvis les avait (dé)laissées avant de partir au service militaire, imaginant leur évolution si les Beatles et sa cohorte Merseybeat n’étaient pas venus révolutionner la planète.
Un disque de luxe qui se déguste en fin gourmet, tel se présente « There’s no face like a chrome ».
Hélas, hélas, hélas comme disait Le Général lors de ses interventions théâtrales, YouTube et consorts ne proposent pas le full album, n’offrant aux curiosités aiguisées que les 4 titres ci-dessous.
Ceux-ci peuvent, à certains égards, déjà donner une – petite - idée du contexte musical.

Concernant les titres indisponibles, il est à noter le traitement calypso de « First girl »qui, d’un coup d’un seul, part en trombe car propulsé par des cuivres suralimentés, ou le rythme haché à la pédale wah wah de « Heartbeat », de nature à ravir les plus exigeants.

« A fool like you » est de ces slows si féconds … qu’ils s’avèrent capables de faire exploser les taux de natalité, tandis que « The way I feel tonight » retrouve les accents acoustiques et colorés de « First girl », avant de tremper son pinceau magique dans des soli de grattes électriques à faire pâlir Jeff Beck himself (mais ne le répétez à personne).

Voici une partie de ce 33 tours :

Face A :
1 - Dancin’ (on a Saturday night)

2 – Message from Garcia *(introuvable sur YouTube)
3 – Heartbeat (rien à voir avec le « Heartbeat » de Buddy Holly - introuvable sur YouTube)
4 – Standin’ on the corner * (introuvable sur YouTube)
5 - Young blood


Face B :
1- The way I feel tonight (introuvable sur YouTube)
2 - Dirty movies

3 – First girl (introuvable sur YouTube) *
4 – A fool like you (introuvable sur YouTube)
5 - Rock and Roll heaven *


Les titres assortis d’un astérisque ont été produits par le duo magique Leiber / Stoller, dont Flash Cadillac et sa bande reprennent « Young blood » et « Message from Garcia ».


Leiber / Stoller ?

Non, ce n'est pas l'enseigne d'un grand magasin ni une nouvelle marque de bière, mais 2 auteurs-compositeurs américains les plus célèbres d’après guerre.

Jerry Leiber et Mike Stoller se rencontrent à Los Angeles en 1950. Leiber est disquaire, Stoller pianiste. La passion du blues et du rythm’n’blues les unit.
Ils se mettent professionnellement en couple. Très vite, ils écrivent et composent des tubes inoxydables, éternels, sempiternels, à commencer par « Hard times » dont Charles Brown fera un succès en 1952.

Retracer la suite de leur loooooongue carrière revient à choper une migraine :-mad .

Alors, pour faire simple, disons que Jerry Leiber et Mike Stoller sauront mettre leur amour du rythm’n’blues au service de la pop.
Beaucoup, à l’époque, pensaient qu’ils étaient noirs.
Véritables fédérateurs, ils briseront les frontières entre les musiques noire et blanche, propulsant au sommet des hits parades mondiaux une nuée de hits majeurs comme « Hound dog », une bombe à retardement initialement inscrite au répertoire de Big Mama Thornton, que Elvis Presley fera exploser en 1956.

Si « Elvis the Pelvis », par le truchement du tout malin et très roué Colonel Parker, sera l’un de leurs clients fidèles (« Jailhouse Rock », « Love me », « Loving you », « Don’t », etc …), les 2 compères auront beaucoup d’autres prestigieux interprètes qui trusteront le sommet des charts avec leurs compositions.

Egalement producteurs, ils drivent des formations noires comme les Coasters qui lui doivent notamment (mais pas seulement) « Along came John » (« Zorro est arrivé » par Henri Salvador), associent leurs talents et prêtent leur clairvoyance à pas mal de monde.
Ainsi, Phil Spector bâtira grâce à eux son légendaire wall of sound.

« Along came John »par les Coasters, formation noire « clownesque » de doo wop, précurseurs en quelque sorte des Sha Na Na et autres Au Bonheur des Dames.



Une petite anecdote Texas, comme au bon vieux temps ??? :-

Mêêêêê … oui !!!
Elle concerne la reprise de « Message from Garcia », écrite dans les années 50 par les 2 lascars pour être interprétée par les Coasters, leurs protégés.
Ceux-ci avaient catégoriquement refusé cette chanson (plus mexicaine que nature), qu’ils jugeaient trop « ethnique » et, par conséquent, de nature à désorienter leur public.

Vingt ans plus tard, Flash Cadillac ayant invité Leiber & Stoller à produire certains titres du disque, c’est très opportunément que ces derniers leur ont proposé le poussiéreux « Message from Garcia ».
Le groupe s’est fait une joie d’inclure cet inédit. Et pas n’importe où s’il vous plaît : face A, en 2ème position.

Et pour quelques Flash de plus, éblouissement garanti !

Extrait de leur premier album, "She's so fine" de la B.O. de "American Graffiti" (album présenté sur l'ancien forum)
flash-cadillac-and-the-continental-kids.jpg
flash-cadillac-and-the-continental-kids.jpg (186.16 Kio) Vu 5747 fois
"Time will tell", extrait du 3ème album, coloré "Surf" façon Beach Boys (album présenté sur l'ancien forum)
sons of the beaches FC.jpg
sons of the beaches FC.jpg (54.9 Kio) Vu 5747 fois
Modifié en dernier par dedefr le 05 août 2017, 20:20, modifié 2 fois.

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Message par Grievousangel » 17 juil. 2017, 20:36

Une rubrique dédiée aux présentations d'albums en profondeur et en largeur ... Venez y présenter les galettes qui ont changé votre vie, celles qui l'ont illuminée, celles que vous emmèneriez demain sur Mars ...

Pour inaugurer cette rubrique, j'ai profité du retour de Texas Rangers parmi nous et j'y ai transfèré son post de ce jour ...
Robert

Il vaut mieux qu'il pleuve aujourd'hui plutôt qu'un jour où il fait beau.

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Message par Texas Rangers » 22 juil. 2017, 11:33

Hello everybody, ladies et gentlemen ! :-H

Longtemps, longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu, j écoute “Horizon”, 6ème album des Carpenters, paru en 1975. Par ces épisodes caniculaires dont le rapprochement, nous dit-on, témoigne du réchauffement climatique, il est bon de se plonger dans cette variété/pop de haute volée mais rafraîchissante.

Les Carpenters ?

Je vous avais présenté 2 de leurs albums dans l’ancien forum, à savoir « Made in America » et « There’s a kind of hush all over the world ».
Voici donc, celui pour lequel j’éprouve une véritable tendresse, car il mêle habilement nostalgie, charme et modernité, le tout niché dans un écrin de luxe et de volupté.

Rien que ça !

Formé en 1969, les charpentiers se composent de Richard et Karen Carpenter, frère et sœur et demeurent actifs jusqu’en 1983. Cette année là, Karen décède d’une crise cardiaque consécutive à une anorexie mentale.

Au milieu des années 60, Karen, Richard et un copain d’école forment un trio de jazz. RCA les engage.
Ils reprennent des standards comme « Strangers in the night », mais le résultat ne convainc pas le label qui les renvoie à la vie civile.
Je zappe les intermèdes pour arriver au moment déterminant, à l’homme-clé : Joe Osborn.
C’est un bassiste de studio célèbre, fer de lance du fabricant Fender, qui a participé à l’enregistrement d’un nombre incalculable de hits.
En vrac, citons les Mamas & Papas (« Calfornia dreamin’ »), Johnny Rivers (« Memphis »), the 5th Dimension (« Aquarius »), et ce, après avoir longtemps peaufiné ses lignes de basse derrière Ricky Nelson.
Son jeu remarquable et remarqué se dévoile dans le célèbre « Travelin’ Man » en 1961 :


Joe Osborn « a le pif » comme on dit : au cours d’une répétition, Karen Carpenter s’exerçait au chant pendant que Richard accompagnait un trompettiste au piano.
Joe l’ayant incidemment entendue, fera cette remarque prémonitoire : « ne vous préoccupez pas du trompettiste, cette fille potelée sait chanter. »
Justement : c’est l’obsession de l’embonpoint qui aurait conduit Karen à l’anorexie.

Osborn signe le duo sur le label qu’il vient de créer. L’affaire tourne court.
En 1967, Richard et Karen intègrent le groupe Spectrum dont fait également partie John Bettis.
A sa dissolution, Bettis restera avec les Carpenters. Il deviendra, avec Richard, l’auteur- compositeur attitré du duo.

Deux ans plus tard :

Herb Alpert , musicien et co-fondateur du label A & M les recrute. A l’instar de Joe Osborn, il pressent le potentiel vocal énorme de la jeune fille.
Et, pour ne rien gâcher, il constate que son frangin possède lui aussi un joli brin de voix, auquel s’ajoutent des talents de pianiste, d’organiste (spécialiste du piano Wurlitzer), d’arrangeur et d’orchestrateur.
De jolis bénéfices en perspective, songe Herb qui veut des hits, très vite !!…
En octobre 1969 paraît « Offering », leur premier album. Le style navigue entre jazz- pop débridé qui sied parfaitement au caractère enjoué de Karen et variété exigeante que Richard maîtrise à la perfection.

En voici trois extraits :
« Your wonderful parade »

« Someday »

“Ticket to ride” (reprise des Beatles)
La reprise de « Ticket to ride » des Beatles est diffusé en single. Elle connaît un succès d’estime (54ème au Billboard Hot 100). L’album quant à lui, n’émeut pas outre mesure.

Herb Alpert attend des hits, des vrais, traduits en dollars sonnants et trébuchants ...

Il demande à Richard d’adapter « (They long to be) Close to you », une chanson écrite par Burt Bacharach et Hal David pour Richard Chamberlain et réarrangée pour Dionne Warwick. Il veut en faire un single.
Richard Carpenter se met au boulot aussi sec.
Le résultat époustoufle le pourtant blasé B. Bacharach, qui déclare que cette version est 20 fois meilleure que la sienne.
Le public ne s’y trompe pas et « Close to you » s’installe un mois durant, à la 1ère place des charts américains avant de meubler les hits parades de la planète.

Herp Alpert ne veut pas perdre de temps (enfin … d’argent) et demande à Richard de préparer un 33 tours dans la foulée.

Le concept « Carpenters » est solidement installé, la légende est en marche …

De l'écriture jusqu'au mixage, toute la machinerie mise au point par Richard Carpenter et John Bettis est réglée au millimètre. Les musiciens recrutés font partie de l’élite. Ils se plient à la rigueur imposée, celle que Richard a hérité de sa formation classique.

La voix douce et pure de Karen, est tantôt sensuelle, tantôt chaleureuse. Le répertoire proposé bénéficie des conditions idéales pour qu’elle s’épanouisse et s’exprime à l’envi.

Les efforts sont récompensés. L’année 1973 cumule tous les records et constituera la meilleure du groupe.
Deux LP ont successivement conquis la planète : « Now and then » et « the singles 1969/1973 ».
Le label engrange de juteux bénéfices. Les Carpenters sont les plus gros vendeurs de A&M Records et leur carrière est au zénith.

Mais ils sont encore jeunes et ce succès planétaire soudain les étourdit. Marchant sur l’eau, ils acceptent tout, se plient sans broncher au diktat de A&M qui remplit leur agenda 1974 de 200 dates de concerts .

Ainsi, ils s’éloignent des studios. Aucun album ne peut être programmé. La chaudière risque de s’éteindre faute de hits en nombre suffisant.
Seul le 45 tours « Please Mr. Postman », paru isolément, maintient la flamme du souvenir et provoque même, contre toute attente, un gigantesque incendie dans les charts du monde entier.

En cette folle période nostalgique, la moindre évocation sur vinyle des 50’s / 60’s fait exploser tous les thermomètres.
« Please Mr. Postman » date de 1961. Il fut le principal fait d’arme du groupe féminin les Marvelettes.

Deux ans plus tard, les Beatles l’inscriront à leur répertoire :


Arrive enfin l’album « Horizon » …
carpenters recto.jpg
carpenters recto.jpg (40.53 Kio) Vu 5697 fois
Le groupe (Karen, Richard et John Bettis) parvient à libérer quelques dates en octobre pour préparer le 30 cm tant attendu qui sera finalement publié en juin 1975.
N’ont pas eu trop le temps de gamberger, mais quelques idées fortes servent de trame.
Horizon-2-picture.jpg
Ainsi, Richard veut absolument que l’orchestration de « I can dream can’t it » soit l’œuvre d’un vieux de la vieille, Billy May, qui avait bossé avec Sinatra et Nat King Cole, afin que le titre sonne comme dans les années 40.
Ce vieil air de jazz avait été composé en 1937, mais ce sont les Andrews Sisters qui en feront un énorme succès en 1949.
« Aurora » (R. Carpenter / J. Bettis) qui sert d’introduction a également fait l’objet de soins attentifs.
Et puis, au niveau des reprises, comme on n’a pas eu le temps de composer beaucoup, puisons gaiement dans le répertoire des petits copains. C’est ainsi qu’est choisi « Solitaire » de Neil Sedaka, que Karen n’aime pas beaucoup (la chanson, pas Neil !).
Qu’importe, on n’a pas l’ temps, ça urge et pis d’abord on n’ fait pas toujours c’ qu’on veut dans la vie !

En plus, quitte à faire, mets donc dans l’ caddie « Desperado » de Don Henley et Glen Frey, le grand succès des Eagles l’année dernière.
Tiens, au fait, pendant que j’y pense, ajoute le single « Please Mister Postman » en même temps. Niché en 4ème place, tout le monde sera content de le retrouver.
Voilà, ça nous fait combien de titres maintenant ? 10 ? Parfait !! Hop, tout l’ monde au studio.

Blague mise à part, les Carpenters et John Bettis ont longuement mûri le concept du LP, ont essayé d’y introduire plusieurs sonorités originales et, pour ce faire, opté pour l’enregistrement en 24 pistes.
Et ce 30 cm est une réussite totale à mon avis … qui rejoint celui de millions de fans. Il s’en dégage ce « petit je ne sais quoi » (titre d’une chanson des Chats Sauvages de Dick Rivers !) qui en fait un grand crû discographique.

Tu peux écouter 10 fois une de leur chanson, la 11ème tu découvriras ici un petit solo de guitare acoustique qui aura échappé à ta sagacité, là, tout près, un très opportun solo de flûte traversière, ou encore, cachés au détour d’un refrain que domine le hautbois, les accents légers et bienvenus d’une guitare électrique.
D'ailleurs les fins connaisseurs auront tôt fait de deviner les inflexions jazz et classique présentes dans beaucoup de titres. Quant aux lignes musicales, elles ne sont pas à la portée (c'est le cas de le dire) du premier venu ...

Voici l’album en question :
1 - Aurora

2 – Only yesterday

3 – Desperado (video potable indisponible sur YouTube)
4 – Please Mister Postman

5 – I can dream can’t I (video potable indisponible sur YouTube)
6 – Solitaire

7 – Happy

8 – (I’m caught between) Goodbye and I love you

9 – Love me for what I am

10 – Eventide

Mais nul n’est prophète en son pays, l’adage est bien connu ...

Les Carpenters en feront les frais. « Horizon » plafonnera à la 15ème place du Billboard aux States. Ben, de quoi se plaint-on, c’est déjà pas mal, me rétorquerez-vous. Ouaich ….
Sauf que les précédents ne plafonnaient pas dans les contreforts du ventre mou, eux, ils se casaient direct dans les 5 premiers !

N’empêche, « Horizon » cartonnera un peu partout (n° 1 au Japon et en Grande Bretagne), tandis que les 45 tours qui en sont extraits (« Only yesterday » et « Solitaire ») mèneront aussi une solide carrière internationale … sauf en France !

Paradoxe, paradoxe quand tu nous tiens ...

Le duo vit, à son corps défendant, dans la culture du paradoxe permanent.
Apparence et répertoire les classent comme symboles de l'Amérique des classes moyenne (dont ils sont issus) et supérieure, lisses, propres sur elles.
Tout y est feutré, sain, aseptisé, surveillé, nettoyé. Une ambiance parfaitement en osmose avec leur musique.

L'envers du décor révèle des problèmes liés à la drogue pour Richard et à l'anorexie pour Karen.
En apparence, Karen Carpenter est la jeune fille sage comme une image, dont la voix cristalline donne corps et sens à des chansons tendres et sentimentales.

Réellement, elle est plutôt "garçon manqué", toujours prête à se lancer dans une pitrerie.
Fan de sport en général et de football en particulier, la jeune fille avait étudié la batterie et rêvait d'en jouer au sein d'un groupe.

Les critiques musicaux de la scène pop/rock tournent les Carpenters en dérision. Look, répertoire, orchestrations, rien n’est à leur goût.
Au gré des sarcasmes, ils sont qualifiés de "saccharine et vanille" ou de "douche, lait et tartes aux pommes".
Plus ils sont couverts de récompenses, plus les moqueries fusent.

Après la disparition de Karen, allez comprendre, les railleurs tournent casaque et se rangent aux côtés des fans pour … célébrer le talent du duo qu’elle formait avec son frangin. ( !!).

- Rolling Stone et National Public Radio considèrent Karen Carpenter comme l'une des meilleures chanteuses du XXe siècle.
- Jamais avare en compliments, suffit de mettre une pièce dans sa soucoupe, Paul McCartney dit à qui veut l’entendre qu’elle est la meilleure chanteuse qui ait jamais existé (SIC).
- Christina Aguilera, Gwen Stefani, Michael Jackson, Madonna, ou Kelly Jones des Stereophonics, et bien d'autres encore, déclarent qu’elle a été leur influence majeure.
- Dans un album hommage intitulé "If I were a Carpenter" (1994), Sonic Youth, Bettie Serveert, Shonen Knife, Grant Lee Buffalo, Matthew Sweet, et les Cranberries, reprendront à leur façon certains titres emblématiques des Carpenters.

Toutefois, l’honnêteté oblige à révéler que le climat des albums ne varie guère. Il constitue le cocktail parfait pour les soirées mondaines :

1) romances flirtant avec les canons musicaux de "La mélodie du bonheur", mais qui évitent le lénifiant, puis ...
2) musique dans l'air du temps mais assagie (country, soul feutrée, rock FM), puis …
3) approche originale d'inspiration sixties ("Only yesterday", etc ...), et enfin ...
4) reprise d'un tube de l'époque ("Please Mr. Postman", "It's a kind of hush all over ...”)

Si l’album “Horizon” épouse ce canevas à la per-fec-tion, il marque aussi le début d’un certain déclin de la notoriété du duo.
Classé « easy listening », leur style s’essouffle face aux nouveautés qui ne cessent d’apparaître sur le marché.
Conscients du danger, les Carpenters s’essayent au jazz funky et même au psyché dans un 30 cm plus punchy intitulé « Passage » (1977), qui sera le 1er à ne pas être certifié « disque d’or » aux States (49ème au Billboard pop albums).
Il est également le premier où le duo Richard Carpenter/John Bettis n’intervient pas dans l’écriture des titres.
Pour ne pas dérouter définitivement leur public traditionnel, ils gardent toutefois en filigrane les principes 1 et 4 du canevas énoncé plus haut.

Les States sont passés à autre chose, mais le reste du monde demeure fidèle aux Carpenters, quelle que soit l’orientation musicale de leurs albums qui, dans l’ensemble, ne prônent pas la révolution musicale.

Et aujourd'hui ...

Marié et père de famille tranquille, Richard gère aujourd’hui le « capital Carpenters » sous toutes ses formes et enrichit sa - déjà très fournie - collection de voitures mythiques américaines des années 50 et 60. Et c’est là que l’on voit que sa nostalgie n’était pas feinte.

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Message par STAX 40 » 22 juil. 2017, 15:51

Ouf...!! Merci, quelle évocation pour ce groupe qui a marqué un époque également.Pour ma part je les avais découverts avec une reprise par Claude François de ''Yesterday once more'' c'est vrai que l'ensemble de leur oeuvre est un peu guimauve mais ça s'écoute gentiment et je suis d'accord que même à la énième écoute on re découvre encore un petit truc par ci par la. J'enchaîne souvent avec les Alessi Brothers on reste dans la même veine easy listening

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Message par Texas Rangers » 22 juil. 2017, 18:05

STAX 40 a écrit : 22 juil. 2017, 15:51 Ouf...!! Merci, quelle évocation pour ce groupe qui a marqué un époque également.Pour ma part je les avais découverts avec une reprise par Claude François de ''Yesterday once more'' c'est vrai que l'ensemble de leur oeuvre est un peu guimauve mais ça s'écoute gentiment et je suis d'accord que même à la énième écoute on re découvre encore un petit truc par ci par la. J'enchaîne souvent avec les Alessi Brothers on reste dans la même veine easy listening
Hello STAX :-H

Content que ma petite présentation te plaise et content aussi de rencontrer un "auditeur" (on va dire ça comme ça :lol: ) du duo.
Bien vu STAX pour les brothers jumeaux Alessi Brothers !! :-B
Je n'avais pas fait le rapprochement. J'aime bien "Oh Lori" et il est vrai que les Carpenters ne sont pas loin ... :-A

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Message par Texas Rangers » 22 juil. 2017, 20:13

:-H

Les pieds et les mains de tous les membres du forum associés à ceux des visiteurs n'y suffiraient pas pour compter les auteurs-compositeurs ou simplement musiciens-interprètes qui, au début des années 60 et après, ont été récipiendaires de prix, couverts de louanges et de promesses de grande carrière, pour finalement ne remplir que les salles des cabarets et des maisons de jeunes.
Non pas que l'Olympia ait été trop grand, mais ce n'est pas à eux que l'on pensait prioritairement. Pas les moyens non plus de remplir le Zénith de Paris ou d'ailleurs.

Ces artistes que l'on disait marginaux, engagés, révoltés, étaient (sont) des poètes, des troubadours qui avaient réussi à créer un noyau de fans indéfectibles.
Beaucoup sont passés de vie à trépas, les autres continuent de vivre dans l'ombre d'une renommée populaire qu'ils n'ont jamais vraiment connue.

Pierre Tisserand, Jacques Douai, Maurice Fanon, Jacques Debronckart, Monique Morelli, autant d'artistes atypiques, auxquels vient tout naturellement se joindre le breton Serge Kerval qui était tout à la fois Hugues Aufray, Graeme Allwright et même, à certains égards, Léo Ferré, pour ne citer que ceux-là.

Et ce sont justement ces zigzags qui ont contribué au fait que sa carrière se fasse en rase motte.

Serge Kerval en deux mots :

Dans le sillage de Jacques Douai qu'il admire, Serge Kerval écume les cabarets de la rive gauche au début des années 60. Brestois de naissance (1939), il est compositeur-interprète de chansons traditionnelles francophones.

Guitare en bandoulière, S. Kerval a également donné beaucoup de concerts dans les Maisons de la Culture.
De la Loire au fleuve Mississippi, il a chanté tous les cours d'eau, toutes les régions de France, mis Hugo, Musset, Jules Verne, Hervé Bazin et Pierre Seeghers en musique, dit "M..de à Vauban", fêté Marseille, la Révolution Française, les mouettes, la mer, chanté de la musique country et il y en a encore "une ch.ée +1000" comme ça !

En 35 ans de carrière, il exhume, met en musique et chante tout ce que le patrimoine de la francophonie était capable d'offrir.
Il se produit également dans les campus américains et, en 1980, rapporte un album de son séjour en Louisiane : "Bientôt le soleil" (un 33 tours aujourd'hui rarissime car non réédité. Je le possède et peux vous dire qu'il est excellent ! :-App )

- En 1967, son travail est couronné du Grand Prix de l'Académie du Disque Français
- En 1986, il est récompensé par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.

Il mettra fin à ses jours en 1998 à Nantes.

Mais pour l'heure, en 1971, il part à la découverte de Bob Dylan :

Cette année là, j'entends "Je t'aime" à la radio. Mais ... c'est la version française de "I want you" de Bob Dylan !! :o
C'est qui ce Serge Kerval, dont l'animateur vante la qualité de l'album dédié au grand Zim ? On dirait un vieux ... :mrgreen:

Ni une, mais assurément deux, je fonce à la F..C dès la fin des cours.
Il est là, le 33 tours est là :-S .
Pochette blanche titrée "Serge Kerval chante Bob Dylan" sur l'image floutée du Bob, et la photo en noir et blanc d'un vieux bonhomme guitare en bandoulière au verso. On dirait un directeur de colo atteint par la limite d'âge, qui interprète pour la dernière fois "Santiano", autour d'un feu de camp. Le tout pour 22,50 francs.

Alors, c'est lui ... J'avais déjà "Aufray chante Dylan". Album des débuts, album du pamphlétaire.
Six ans plus tard, Serge Kerval aborde le répertoire du Dylan tellement amoureux de sa femme, que sa verve féconde fait des merveilles dans "Blonde on Blonde", un 30 cm devenu mythique.

Dans une interview accordée à François Jouffa peu de temps après la sortie de son LP, Serge Kerval confiait que l'affaire avait été réglée en 14 jours.
- 10 jours ont suffi à Boris Bergmann, L. Aulivier et P. Delanoë pour traduire les textes des 12 titres.
- 4 jours d'enregistrement (2 pour l'orchestration + 2 pour les voix) - Jean Bouchety - J.P. Sabar qui avait déjà participé au "Chante Dylan" de Hugues Aufray).

Enthousiaste, Serge Kerval se disait admiratif de Pete Seeger et de Tom Paxton, deux chanteurs de folk song américains des années 50, précurseurs de la vague "protest song" menée par Peter Paul and Mary, Bob Dylan ou Joan Baez pour ne citer qu'eux.
Il voulait aussi adapter du Tom Paxton, il voulait, il voulait .... :-nos :-ft

Mais cela ne se fera pas.

Ce disque est une vraie merveille pour moi. Je le préfère à celui de Hugues Aufray. Les orchestrations, la voix, les textes (approuvés par le Zim), tout concourt à en faire une réussite totale, oui, vraiment, totale.
Il prouve, si besoin, qu'il est parfois inutile de courir jusqu'à Nashville ou je ne sais où pour obtenir un son parfait. Bouchety et Sabar ont mené cette affaire de main de maître et les musiciens placés sous l'autorité de leur baguette ont dû se régaler. 46 ans plus tard, rien n'a vieilli.
Le vinyle craque à force de rhumatismes, mais le son possède toujours cette excellente qualité.
Et puis, reconnaissons que la voix de Serge Kerval donne une autre approche aux chansons quand même.
Hélas, YouTube ne propose que le 45 tours qui en avait été extrait. Bon, c'est déjà ça, mais à quand le full album ?
dylan recto.jpg
dylan recto.jpg (6.3 Kio) Vu 5678 fois
Je t'aime ("I want you")

Va ton chemin, j'irai le mien ("Most likely you go your way")
Les titres de l'album et la version originale entre parenthèses :

1- interlude (winterlude)
2 - Va ton chemin, j'irai le mien
3 - miss Marie (absolutely miss Marie)
4 - comme une vraie femme (just like a woman)
5 - le chimpanzé noir (Obviously five believers)
6 - en quatre temps (fourth time around)

face B

1 - Je t'aime
2 - l"homme qui est en moi (the man in me)
3 - j'ai mal pour toi (it hurts me too)
4 - anticipation (temporary like achilles)
5 - à l'amour (new morning)
6 - Belle Isle (idem)

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Grievousangel
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Re: Plus près des étoiles ...

Message par Grievousangel » 22 juil. 2017, 20:26

Bien vu Texas, j'aime bien Kerval, je trouve ses reprises de Dylan aussi bonnes que celles de Aufray ... Il a été moins prolifique cependant.
Je te rejoins en pensant à tout ces gens pleins de talent, pleins d'avenir qui au final nous ont laissé qui un album, qui une belle série de disques,
mais sont injustement retombés dans l'oubli : Jacques Bertin, Môrice Benin, Goun, Bernard Dimey ... et plein d'artistes régionaux dont le seul tort était de ne pas être parisiens ...
Pas la bonne gueule, pas au bon endroit, pas au bon moment ... Mais ainsi va la vie !
Robert

Il vaut mieux qu'il pleuve aujourd'hui plutôt qu'un jour où il fait beau.

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Re: Plus près des étoiles ...

Message par dedefr » 23 juil. 2017, 13:00

Dommage qu'il n'y a pas les vidéos. . . . . :-par
André

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Texas Rangers
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Re: Plus près des étoiles ...

Message par Texas Rangers » 05 août 2017, 20:11

Hello everybody ! :-H

En ces temps estivaux, forcément caniculaires, au cours desquels l’on est forcément enclin à lever le pied, à prendre un ton forcément plus badin car dicté par le thermomètre et présagé par le baromètre, ma platine accueille un album qui n’a plus connu cet honneur depuis des lustres.

Si je vous dis « Happy days », les plus anciens auront tôt fait de traduire par « Les jours heureux ». Quant aux amateurs de musique, je suppose que dans un coin de leur mémoire, subsiste le souvenir du générique de ce feuilleton.

- Le thème ?

La vie quotidienne mouvementée des Cunningham, une famille américaine, au cours de la décennie 1950 / 1960.

- Les personnages :

Le père, Howard Cunningham (Tom Bosley), la mère, Marion Cunningham (Marion Ross), le fils, Richie Cunningham (Ron Howard) et la fille Joanie Cunningham (Erin Moran).
Durant les saisons 1 & 2, la famille Cunningham comptait aussi un fils aîné, Chuck Cunningham, successivement interprété par Gavan O’Herlihy puis Randolph Roberts, mais dont on perd toute trace dès la saison 3.
Autour d’eux gravitent quantité de personnages qui viennent, s’en vont et reviennent, au gré des épisodes. L’un d’entre eux, le fameux « Fonzie » (Arthur Herbert Fonzarelli), incarné par Henry Winkler, obtiendra un « CDI » dans son rôle de loubard au grand cœur, car il dispute la vedette aux héros de la série.

-La genèse :

En 1971, la vague nostalgique ne faisait que de petits clapotis et personne n’aurait parié un Kopeck sur sa conversion en tsunami.

Les responsables des studios ABC-TV demandent à l’un de leurs scénaristes, G. Marshall, d’imaginer la trame d’une série télévisée dont l’action se situe dans les années 30.
Les épisodes étaient censés véhiculer des valeurs traditionnelles telles que l’amitié, le respect de la parole donnée, la loyauté absolue, sur fond de solidité du socle familial.

Le scénariste en question n’est guère inspiré par cette période qu’il n’a d’ailleurs pas connue.
En revanche, il se verrait bien évoquer la décennie 1950/1960, qui lui semble propice pour conjuguer le verbe imaginer au temps de ses souvenirs.
C’est ce qu’il fait.
Un pilote est tourné. Son titre : « New family in town ».
S’il ne convainc pas outre mesure les commanditaires, il permettra néanmoins à George Lucas de fixer définitivement son choix sur Ron Howard, pour interpréter le rôle de Steve Bolander dans son film – presque – autobiographique « American Graffiti », qui sera l’une des révélations cinématographiques de 1973.

Le succès de « American Graffiti » incite les têtes pensantes des studios ABC à revoir de fond en comble leur future série TV.
La « vox nostalgie » a eu raison de tous les atermoiements.

Puisque les années 50 et 60 suscitent tant d’intérêt, « New family in town » est rebaptisé « Happy Days ».
On ajoute les voitures et les motos mythiques de cette époque là.
Cependant, pas question ici de violence, ni de guerre des gangs.

Le feuilleton doit fédérer les familles autour du poste, susciter avant tout le rire et raviver le souvenir des seuls bons côtés de ces années d’après-guerre.

Je possède en coffret cinq VHS regroupant le meilleur des différentes saisons. Je ne dis pas que c’est un chef d’œuvre (certains épisodes sont cul-cul la praline), mais, replacée dans le contexte de l’époque, cette série reste attachante à bien des égards et ce, malgré certains anachronismes que la version française a d’ailleurs aggravés.

Bref, portée par la mode rétro qui sévissait alors, « Happy days / Les jours heureux » finira par devenir une série culte, forte de 255 épisodes qui s’étaleront de 1974 à 1984.
A l’image de Ron Howard en 1980, les personnages changeront d’interprètes au fil des années et des épisodes.
TF1 diffusera cette série à partir de 1976, sous le titre « Les jours heureux ».

Plus tard, d’autres chaînes s’y intéresseront, rechercheront des inédits et le pilote initial (« New family in town ») fera l’objet d’une diffusion spéciale sur « Comedie ! » en 2004.

Voilà pour la série télévisée.

- Mais il n’existe point de bonne série sans générique original :

Jusqu’en 1975, ce rôle est dévolu au « Rock around the clock » du bon vieux Bill Haley. Titre suffisamment racoleur, il sied parfaitement à l’époque et au destin encore incertain de cette série télévisuelle.
Mais le succès est au rendez-vous. Il est pérenne et »Happy days » mérite donc un générique bien à lui.
Les producteurs de ABC-TV choisissent les célèbres et talentueux Norman Gimbel et Charles Fox, pour pondre cette merveille. Ils l’intituleront tout bêtement « Happy days ».
Michaël Omartian est chargé des arrangements et de la production.

Ce dernier a déjà une fructueuse carrière derrière lui. Après avoir fait partie du groupe Brotherlove en 1970, il s’est ensuite lancé dans la production et le peaufinage s’occupant, entre autres, des hits de Rod Stewart, Christopher Cross ou Donna Summer, excusez du peu.

Et justement, les deux autres larrons qui complétaient les Brotherlove, s’appellent Truet Pratt et Jerry McClain.
Ils se connaissent depuis des lustres et sont des potes.
Entourés par des musiciens chevronnés, Truet Pratt et Jerry McClain forment, en 1975, un duo de rock and roll sous la dénomination Pratt & McClain. Ils ont signé chez Dunhill Records et déjà mis en boîte un album éponyme.

En 1976, pistonnés par Michaël Omartian, Pratt & McClain incarnent la figure de proue musicale de la série « Happy days ».
Le single paraît sur Reprise Records et réalise un carton.

A la fois moderne et nostalgique, évocateur sans être ringard, « Happy Days » marque la jonction (et peut-être la réconciliation) entre les anciens et les modernes.

Evidemment, « business is bizness » et selon une pratique courante qui perdure d’ailleurs, Pratt &McClaine profitent de l’aubaine pour concocter un album qui sort dans la foulée.

- Et voici que le 33 tours paraît :

Pochette évocatrice, « Happy Days » en lettres capitales, le public doit immédiatement associer sa série préférée aux deux gugusses photographiés sur la pochette.
Brushing impeccable, pose à la « Amicalement Vôtre », l’impression première serait de se dire que le contenu musical est à l’image du contenant : lisse, propre et insipide.

Bah non …

L’atmosphère est essentiellement californienne, sonne souvent Soul, bien ancrée dans les années 70. Les musiciens accompagnateurs (Brotherlove) assurent un max et l’on perçoit sans effort que l’atmosphère dans le studio ignorait tout de l’expression « prise de tête ».
Les guitares claquent leurs riffs, parfois hard, les cuivres soufflent du rythm’n’blues comme s’il en pleuvait et les chœurs apportent la touche finale indispensable.
On pense aux Doobie Brothers, aux Eagles par moments, mais l’on n’établit aucun lien avec la série « Happy Days ».
Le duo aurait pu égrener quelques standards des années 50 ou 60, le succès aurait été garanti.

Bah non …

Si les Pratt & McClain empruntent quelques hits à la concurrence (c.f. : « Our last song together » de Neil Sedaka en 1973 – « Notre dernière chanson ensemble » par Claude François –), ils ont également mis la main à la pâte pour créer des compositions originales.
Hormis « Happy days », seul « Tonight, we’re gonna fall in love » évoque les fifties sur les 11 titres que compte le LP.
Le pari était donc risqué car, sortis du « trip » années 50/60, les Pratt & McClain entraient en concurrence frontale avec le gratin de la musique californienne (et soul), qui n’avait pas attendu leur venue pour truster les premières places des hits-parades.

En résumé, voilà un 33 tours qui enjambe les facilités que « Happy Days » aurait pu offrir, pour toiser le meilleur de la musique californienne des mid seventies.
Prise de son et mixage ne souffrent aucune critique.

- Contenu du disque :


face A :

1 – Happy days
2 - Raised on Rock
3 - Summertime in the city (rien à voir avec “Summer in the city” des Lovin’ Spoonful)
4 - Midnight ride
5 – Tonight, we’re gonna fall in love
6 - Our last song together


face B :

1 - One way or the other
2 – California cowboy
3 – Who needs
4 - Wachersign
5 – Devil with a blue dress
prat & mcclaine.jpg
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pratt & mclaine 2.jpg
pratt & mclaine 2.jpg (49.14 Kio) Vu 5631 fois

- Et l’anecdote Texas ?

Ah oui ... En 1983, ABC-TV décide de rajeunir “l’accroche” de sa série fétiche et confie l’interprétation de “Happy Days” à Bobby Arvon, auteur-compositeur, chanteur et pianiste, qui a connu les basses fosses du Billboard hot 100 en 1978.
Mais les fans et le public en général bouderont sa version et ceci + cela précipiteront le clap de fin de ce feuilleton, un an plus tard.


- Quelques extraits du 33 tours :


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Re: Plus près des étoiles ...

Message par Grievousangel » 07 août 2017, 18:23

Bien sur je connaissais le morceau Happy Days et en possédais le 45 tours ... Mais je dois avouer que je n'avais jamais noté le nom de auteurs.
Aujourd'hui, grâce à Texas, je sais donc qu'il s'agit de Pratt & McCLain et qu'il existe même un 33 tours !!!
Robert

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