Revox B795
Posté : 12 févr. 2019, 09:30
Non, cette platine vinyle REVOX n'a pas été présentée dans ces colonnes : elle est pourtant archi-connue, ce qui ne l'empêche pas de jouir d'une certaine réputation !
On ne présente plus la marque REVOX, fondée il y a plus de 70 ans par un des "papes" de ce qui allait devenir la "Haute-Fidélité", Dr Willi STUDER; sa biographie, par ailleurs consultable sur le Net, est passionnante et ses réalisations - pour ne pas dire ses inventions - n'ont d'égal que celles d'un certain.... Saul MARANTZ, par ailleurs son contemporain.
De nombreuses réalisations de la marque ont fait - et font toujours - rêver bon nombre d'amateurs : citons au passage l'enregistreur à bande magnétique à tubes G36 puis, par la suite, son successeur à transistors le A77 et la gamme qui l'accompagne, l'ampli A78 et le tuner A76 (je les possède tous les trois) et j'en passe avec la gamme Bxxx !
Mais revenons sur cette platine vinyle qui a vu le jour en 1979. En fait, entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, REVOX a crée 4 modèles de platine vinyle, toutes à bras tangentiel, le fameux Linatrack, commun aux 4. Il s'agit des modèles B291, B790 (sans doute la plus populaire, bien que construite à seulement 45.000 exemplaires), le B791 et le B795.
Ces 4 modèles diffèrent peu extérieurement parlant : même allure générale, dimensions proches, pour ne pas dire identiques, utilisation du bras Linatrack et de la peinture Nextel ( ! ) gris anthracite...
Toutes sont entraînées par un moteur en prise directe et piloté par quartz, ce qui donne une excellente performance en terme de pleurage et scintillement (de l'ordre de 0,05%)
Elles diffèrent toutefois par différents affichages et réglages de la vitesse. Les plateaux peuvent différer également par leur poids.
Ma B795 ne dispose pas d'afficheur ni de réglage de vitesse (comme la 790 ou la 791) mais son plateau est plus lourd (+/- 2kg quand celui de la 790 pèse un peu plus d'un kg)
Quant je l'ai récupérée, elle était particulièrement sale et - parlons-en - la peinture Nextel qui recouvre les parties métalliques est difficile à nettoyer: elle présente un touché assez doux, on dirait du daim ...
Toujours est-il qu'après démontage, j'ai tout nettoyé au produit vaisselle et c'est ce qui a donné le meilleur résultat. Attention toutefois, cette peinture se raye facilement !
Autre soucis : il est (très) rare de trouver ces platines avec un capot intact; non pas qu'ils soient rayés mais bien que leurs fixations aux charnières sont LE point faible.
A défaut de trouver un capot à prix abordable, j'ai réparé le mien, voir ici, je lui ai greffé une oreille...
Côté cellule, elle était à l'origine équipée d'un Ortofon OM PRO probablement déjà fort sollicitée... ne voulant, dans un premier temps pas trop investir, j'ai remplacé l'aiguille et le diamant par un nouveau, prévu pour une OM10... Il faut noter que ce type de platine ne s'accommode pas de n'importe quelle cellule : une cellule "à forte - voire très forte - compliance" est requise. En effet, afin de capter les détails du sillon que le diamant doit suivre, la cellule doit pouvoir compter sur une masse d'inertie qui est ici .... absente ! Tout au plus quelques grammes puisque le "bras" est seulement composé du support de cellule, au contraire d'un platine dite "classique" qui comporte un bras de lecture de longueur et de poids non négligeable. Donc, la cellule doit disposer d'un équipage mobile particulièrement souple, dit "à haute compliance". (D'autres sont bien plus compétents que moi pour évoquer les détails, je vous relate ce que j'en ai compris...).
Petit point d'attention donc de ces platines tangentielles, qui, en contrepartie, se dispensent d'un système "d'anti-skating" et réduisent l'erreur d'angle de lecture en fin de disque; ici également, je laisse les spécialistes expliquer...
Après nettoyage, réglages (ou plutôt vérification du réglage du poids sur le diamant, ici 1,75 gr qui n'a pas dû être retouché), place à l'écoute.... qui se fera après un passage à l'atelier pour changer les condensateurs chimiques FRAKO et autres RIFA. Passage en deux temps car, après changement de ces condensateurs, subsistait un problème de muting intempestif qui m'a donné un peu de soucis.
J'ai pu, lors de traitement de ce problème, compter sur l'aide de Serge - il se reconnaîtra, qu'il soit ici remercié pour son écoute - spécialiste sur un autre forum de ces platines à l'électronique assez complexe. Vous trouverez le compte-rendu de cette intervention ici . En passant vous remarquerez sur ce post que, de l'électronique, il y en a à l'intérieur de cette platine, mais qu'elle est particulièrement accessible pour toute intervention. Attention toutefois, les cartes Motor Control Board et Arm Control Board sont en double face ! ! ! Les composants qui sont changés doivent être bien soudés DES DEUX COTES !
Place enfin à l'écoute, sur mon ensemble composé d'un ampli .... REVOX A78 et d'enceintes Celestion Ditton 553 (ces enceintes, bon dieu, elles fonctionnent pas mal ! j'irai jusqu'à les rapprocher de mes JBL L-50).
Eh bien elle fonctionne pas mal du tout cette platine et je trouve le son issu de cette cellule "bon marché" plus qu'acceptable, voir bon à très bon : le son n'est pas "aplati", les extrémités du spectre sont bien rendues, sans négliger le médium. Le tout est bien équilibré, sans correction à l'ampli.
A noter, la robustesse de l'ensemble, la facilité d'utilisation par ailleurs très intuitive, la rigueur et la précision de la mécanique asservie par une diode IR et deux photo-diodes, le retour automatique de la cellule, la lampe d'éclairage de la cellule au repos et.... la petite brosse pour éliminer toute poussière du diamant !
Selon moi, elle laisse loin derrière l'autre tangentielle que je dispose, la Technics SL-DL1. Pour tout dire, dans cette configuration et sur cette installation, j'écoute plus souvent mes vinyles que mes CD, pourtant lus sur une vénérable Philips CD202 également remise au goût du jour par mes soins.
A présent, place aux photos (d'autres photos dans les deux posts cités plus haut)